Depuis plusieurs mois je suis perturbée par une nouvelle expérience : la découverte du vivant. Ne vous moquez pas trop vite, ce serait trop facile. Ma découverte est plus intellectuelle, en tous cas au début. J'ai eu la chance d'assister à deux reprises aux évènements organisés par l'association SUMUS, créée par Hélène Morinari (SUMUS | Site officiel) ; et une transformation douce s'est opérée en moi. C'est idiot et totalement absurde, car j'ai travaillé sur les sujets de durabilité, je connais par cœur la Loi Vigilance et donc la responsabilité sociétale des entreprises sur l'environnement, je suis au CA de la Déclaration des Droits et Devoir de l'Humanité, je fais du yoga depuis vingt ans, j'habite prés de la mer, des calanques etc, on ne peut pas dire que la nature me soit étrangère. Ni l'écologie, puisque je fais tout ce que je peux depuis longtemps pour avoir un impact minimum (ne critiquez pas ma moto!).
Mais la notion de "vivant", pour une raison qui m'échappe, m'a secouée. J'ai commencé à me demander ce qui était vivant et ce qui ne l'était pas, je vois les esprits supérieurs s'amuser, mais sachez que des enfants à qui j'ai posé la question, m'ont proposé que la télé était un organisme vivant. Le questionnement s'est fait foisonnant des semaines durant, ma compréhension de plus en plus précise, et puis soudainement, une évidence dont je parle depuis longtemps, mais que je maitrisais plus de façon intellectuelle que physiologique : le vivant c'est moi. Avant d'être les arbres, l'eau, les animaux, etc., c'est le vivant en moi. Et ce vivant en moi est relié au vivant à l'extérieur de moi (il est d'ailleurs composé des mêmes éléments). Ainsi, il m'est paru nécessaire avant de prendre soin de la nature, et du monde extérieur, de vraiment prendre soin de moi, est-ce égoïste? Etrange? Soudainement, j'ai eu une irrépressible envie de réfléchir à l'amour de soi, et au respect de soi. Pourquoi attendre des gens qu'ils sauvent la planète, protègent l'environnement, quand la plupart d'entre nous ne sommes même pas capables de faire attention à notre nourriture, notre propre corps, notre sommeil? C'est une évidence que je comprenais depuis longtemps, et qui, par le terme "vivant", et non plus "environnement", "nature", ou autre, a provoqué un écho en moi. Une compréhension de l'ordre cellulaire avant d'être mentale.
Il en est résulté la choses suivante : au cours des dix derniers jours, pour la première fois de ma vie, j'ai demandé à tout mon entourage professionnel, personnel, et familial, de me laisser entièrement seule, afin que je puisse ne rien faire d'autre que me nourrir, et dormir en laissant mon corps décider de ses propres besoins. Je vous épargne le nombre de siestes que l'on prend spontanément lorsqu'un rentre dans un tel rythme, ce qui est magnifique est qu' en ne faisant rien, mon corps a choisi de redécouvrir le bien-manger.
Tout ce que l'on ne connait pas ou très peu dans notre culture : que des fruits, des légumes, pas de viande, peu cuire, faire attention aux nutriments bons pour le cerveau, etc. En décidant de m'aimer, et d'aimer ce corps, qui véhicule le vivant à respecter, j'ai pu reconnecter non seulement avec moi-même, mais avec le vivant extérieur à moi. J'ai ressenti la vulnérabilité des animaux autour de moi, des enfants, des personnes âgées, des gens en souffrance, beaucoup plus que lorsque je me respectais moins.
Je sais que ce que j'écris ici a l'air naïf, simple et pas très important. Vous vous dites, ah la belle affaire, elle a pris du temps pour elle. Mais, non j'ai fait mieux. Je me suis aimée. Savez-vous que lorsque je demande aux gens autour de moi si ils s'aiment, la plupart non seulement me répond "non", mais au pire, ils m'avouent se détester eux-mêmes.
Je le savais, mais je viens de le ressentir. Protéger le vivant autour de nous, passe avant tout, par aimer le vivant en soi. Oser s'aimer soi, c'est la première étape pour un développement durable, sorti de la consommation à outrance et des ravages que notre mode de vie, fondé sur un manque d'amour et d'estime de soi, fait vivre à notre planète.
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