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L'Europe s'effondre, le reste du monde non.

Je ne vais pas me faire beaucoup d'amis par ce blog, mais l'amitié n'est pas un objectif en soi lorsque l'on choisit de changer les choses. Je dis toujours que ce qui m'a permis de voir les choses "autrement" a été de partir loin et longtemps d'Europe. Loin: Asie du Sud Est et autres pays. Longtemps, dix ans.


Au cours de ces dix ans, j'ai rencontré tellement de personnes qui ont permis de décloisonner ma façon de penser, que la liste serait trop longue. Mais en voici quelques exemples. D'abord, mes amis, en Malaisie. Qui ne voyaient en moi que la "femme blanche, la "Mat Saleh" ou -MS- mon surnom de l'époque. Fille de médecins, bourgeoisie française, grande école de commerce, catholique? Tout ça on s'en fichait totalement, il fallait donc bien être "moi", et cela signifiait "agir", en cohérence avec mon moi-profond, mes idéaux révélés très vite. Ainsi, à 22 ans à peine, j'affirmais mon authenticité la bas au bout du monde. Puis, il y a eu mon colocataire, un américain, converti à l'Islam. Il avait une immense fresque tatouée dans le dos, il était grand, blond, costaud, et me parlait calmement d'une notion que je ne connaissais pas: l' "acceptance". Il me parlait de cette religion si belle pour lui, alors qu' en France le débat sur le voile faisait rage. Quelques mois plus tard, je rencontrais un Français, venu de Toulouse, totalement anti-Islam, foncièrement contre le port du voile, nous nous sommes aimés puis détestés. Notre frontière était cette religion que moi je commençais à comprendre, et lui, à haïr. Ainsi, l'Islam est au cœur de mon premier roman. Je rencontrais ensuite aux Philippines, une femme qui ne possédait rien, avait vécu l'enfer dans son enfance, et cherchait tellement à s'en sortir. Elle aimait la vie, et se battait chaque jour pour gagner quelques euros. Elle avait des brulures de cigarettes partout sur les jambes, est devenue la nounou de mon premier fils, a repris ses études, a émigré aux USA, a obtenu la carte verte, et gagne très bien sa vie aujourd'hui. Un modèle, de devenir soi, d'autonomie, et de courage. Une héroïne personnelle.


J'ai ensuite rencontré, en Ukraine, un des plus grands oligarques, craint dans son pays, absolument adorable en personne en tous cas pour moi. Il m'a fait comprendre le prix de la vie humaine, comment il avait grandit, ce qu'il faut faire pour survivre. Ce que les gens dans son pays devaient faire pour survivre. J'ai vu des femmes âgées laissées pour ivre sur le bas côté de la route, dans la neige, sans que personne ne lève le petit doigt. J'ai poursuivi mon périple par l'Inde, j'y ai rencontré une femme Danoise, de 75 ans, qui venait apprendre le yoga pour les gens malades dans son pays. J'y ai aussi rencontré une femme médecin, qui m' a dit "en Inde, on pratique les avortements de petites filles tous les jours, c'est la routine, on ne veut pas de filles ici". Pour finir, je suis allée rencontrer la famille du père de mes enfants, au Burkina Faso. J'ai voyagé dans le pays, parcouru des villages, rencontré des mères avec des enfants qui avaient faim.


Puis un jour je suis rentrée en Europe. Les gens étaient tristes. Ils pensaient à leur retraite. A leur CDI. Aux vacances, et au pouvoir d'achat. Ils avaient oublié le sens de la vie, la possibilité de mourir chaque jour. Vides à l'intérieur, sans joie. Une société qui possédait tout et ne s'en rendait pas compte, pendant que dans le reste du monde, la pauvreté, la précarité étaient le sort quotidien de tous.


Mais aujourd'hui, en Europe, en France, nous vivons un temps de bascule, le niveau de vie diminue, les classes moyennes le sentent, le sentiment de sécurité n'existe plus, le sens de la vie est devenu un besoin vital. Les Européens et les Français continuent de projeter leur vision du monde sur le reste du monde, mais c'est une grande erreur. Pendant que nous nous effondrons doucement, le reste de la population mondiale ne peut que voir son sort s'améliorer. A l'inverse de nos parents, pour eux, il y a espoir que les enfants, et petits-enfants vivent mieux que les générations passées.


La crise n'est que chez nous (elle l'a toujours été d'ailleurs, je me souviens de façon intense de mon sentiment en arrivant en Malaisie en 2000, et d'être surprise que le monde aille bien là-bas, alors que chez nous, déjà on nous disait que c'était la crise depuis 30 ans).


Cette crise est une crise aux racines profondes, ancrées dans le cœur même de notre système, de notre identité, construite sur l'individualisme, le consumérisme, la croissance à tout prix, le matérialisme, et l'absence de spiritualité ou de transcendance. Je dirais que tout est à reconstruire, mais que c'est possible.


Je pense même que c'est là où la France peut jouer un rôle dans l'avenir de l'Humanité, nous sommes après tout le pays des Droits de l'Homme. Devenons celui qui pose les bases pour une humanité apaisée.


Si ce que j'écris vous plait, contactez moi

Dans un village au Burkina Faso

pour participer au Projet Nadune.





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